Certains papillons de nuit et de jour portent sur leurs ailes des marques circulaires très contrastées dont on a longtemps pensé qu’elles ef frayaient les prédateurs en imitant les yeux de leurs propres ennemis.
Ce n’est pas le cas, selon Martin Stevens et deux collègues de l’université de Cambridge, en Angleterre, qui affirment que ces marques fonctionnent simplement parce qu’elles sont visibles.
Les pré dateurs se méfient des proies présentant des motifs frappants. Ces motifs signalent souvent la présence de substances to xiques.
Pour vérifier leurs dires, l’équipe a créé des proies artificielles en utilisant des morceaux de papier gris marqués de taches noires sur blanches de formes, de tailles et de nombres différents. Ils ont attaché les « ailes » en papier à des vers de farine morts, ont épinglé les vers à des arbres et ont attendu.
Deux jours plus tard, ils ont constaté que les vers fixés aux « papillons » portant des paires de taches imitant l’œil avaient é té dévorés par les oiseaux sauv ages en nombre égal à ceux associés à des formes accrocheuses: rectangles, grandes taches simples et trios de petites taches.
C’est la visibilité qui a fait la différence. Pourquoi, alors, les marques sur les ailes ressemblent-elles autant à des yeux? La réponse se trouve peut-être dans le processus de formation des ailes.
Au cours du développement des papillons de nuit, les molécules qui permettent aux cellules des ailes de produire du pigment peuvent facilement rayonner à partir d’un point central, ce qui donne lieu à des motifs circulaires.
Dans le règne animal, les marques ressemblant à des yeux sont souvent appelées « points oculaires ». Or, M. Stevens recommande d’utiliser plutôt les mots « taches d’ailes », « taches de queue » ou « taches de nageoires » pour les désigner.